« Ado : l’essence des relations entre pairs.
De la nécessité du conflit à l’impasse du harcèlement »
DES GROUPES DE TRAVAIL
Construction de la journée : Entre outils d’intelligence collective et groupes de travail, tout le monde fait part de ses idées…
Et il faut bien six mois d’échanges intensifs et d’inondation de boîtes mails, pour que tout soit prêt !
Non seulement ça ne chôme pas en PAEJ mais c’est toujours dans la bonne humeur !
UN MAITRE DU TEMPS
Qui commence…continue…et finit, un fil rouge assuré par Anne-Sophie qui a rythmé la journée avec harmonie !
DES QUIZZ EN ENTREE
Un PAEJ c’est …
- Un Projet d’Animation et d’Education pour les Jeunes qui sèchent les cours qu’ils n’aiment pas
- Un Pub pour les Adultes qui Espèrent rester Jeunes
- Un Parti Apolitique Européen pour les Jeunes qui veulent philosopher sur leurs parents
- Un Point d’Accueil et d’Ecoute pour les Jeunes
Une CJC c’est …
- Une Colonie de vacances pour Jeunes Casse-cou
- Une Conférence Journalière pour les parents Curieux de la vie des adolescents
- Une Congrégation pour Jouer aux Cartes sans perdre
- Une Consultation Jeunes Consommateurs
Une petite mise au point sur les sigles et le ton est donné toute en convivialité par Joël !
UN HISTORIQUE
La création et l’évolution des PAEJ et des CJC à ALT
racontées avec douceur par Mélinda !
UNE PRESENTATION
Impactante et dynamique menée par Christine !
UNE CARTE ANIMEE
« Oh elle en fait des km Delphine ! »
« C’est impressionnant de vous voir si nombreux, nous qui vous voyons toujours seuls… »
UNE INTRODUCTION
Lors de nos échanges, nous avons été interpellés par la récurrence du terme « harcèlement » dans nos pratiques. Ce mot apparaît souvent dans le discours des jeunes, des parents, des adultes qui les entourent. Certains jeunes dans un établissement scolaire ont pu dire qu’ils pensaient que le psychologue servait exclusivement à cela !
Nous avons alors eu envie de mettre ce terme au travail car il véhicule de nombreuses représentations et amène parfois trop vite à un clivage « victime / bourreau ». Mais que dit-on lorsqu’on emploi ce mot ? Et surtout, quel sens et quelle signification chaque jeune y place-t-il ? Que dit-il de lui et de ses difficultés ? Est-ce la même chose pour chacun d’entre eux ? Nous avons repris quelques phrases recueillies lors de nos entretiens qu’Amandine et Patrice vont vous présenter et qui peuvent nous rendre attentifs à leurs formulations qui donnent des indications sur l’appropriation de ce terme par chacun des jeunes cités.
Avant de passer à une illustration clinique, quelques mots sur le choix du titre de cette journée. Les relations intersubjectives ne naissent pas à l’adolescence, néanmoins c’est une période durant laquelle le rapport à l’autre se réaménage.
L’autre c’est qui ? C’est l’adulte, l’adolescent ou l’adolescente d’à côté, mais aussi l’autre dans le miroir victime des transformations pubertaires. Ainsi la puberté, les forces pulsionnelles, le corps qui se transforme, engendrent des réaménagements psychiques et de l’angoisse. Quand le regard des autres persécute l’adolescent, prendre un pair comme objet de moquerie peut devenir une manière de se défendre des angoisses en soi. Nous nous sommes également aperçus que les mots harcèlement et conflit étaient parfois confondus dans les discours, et c’est cela que nous souhaitons interroger avec vous aujourd’hui.
Toute en forme et en fond par Léa !
UNE LECTURE A DEUX VOIX
La parole des jeunes si bien portée par
Amandine et Patrice !
Puis c’est au tour de Patrice d’ouvrir avec panache la réflexion…
- Peut-on objectiver le harcèlement sans prendre en compte la complexité du vécu subjectif de celui qui se sent harcelé ?
- Ne risque-t-on pas, en désignant trop vite certains conflits comme du harcèlement, que ce mot n’institue une victime et un bourreau ?
- Quels pourraient être les facteurs stigmatisant de certaines situations de harcèlement ? Lorsque par exemple, dans la tête des parents (et du jeune), il ne peut en être autrement. Leur enfant ne peut être qu’une victime, innocente et faible (’je ne sais pas me défendre, ma mère me le dit tout le temps’). Ou lorsqu’il y a trop vite intervention dans la réalité (l’enfant doit rester à la maison ou doit changer d’établissement).
- Dans la prise en compte et l’accompagnement du vécu de harcèlement, comment sortir de l’impasse et en particulier sortir d’un sentiment d’humiliation (effet des actes et des mots) et la honte qui s’ajoute de ne pouvoir réagir et se défendre, sortir d’un sentiment de solitude, d’un sentiment d’impuissance ?
Comment débloquer des situations où le harcèlement s’accompagne de sentiments complexes, contradictoires (’j’étais populaire quand j’étais harcelée’) et qui, sur le moment, bloque toute possibilité d’en sortir.
- Comment permettre au jeune de décoller les mots de la chose (quand on dit des trucs sur les mères), remettre en circulation les énergies et recouvrir une latitude symbolique ?
- Le harcèlement, et plus généralement la violence au collège n’est-il pas aussi le reflet du harcèlement, de la violence du collège (à travers les notes, les contrôles, les devoirs, le carnet, l’exigence de normalisation-soumission...) où les situations de harcèlement peuvent être parfois le révélateur de tentions et d’insécurité générée par l’institution elle-même...
UNE VIGNETTE CLINIQUE
Quand l’autre ça ne va pas de soi
La sonnerie retentie, les portes de classe se referment. Le père de Medhi est là, dans les bruits étouffés du couloir, à l’heure du RDV pris au PAEJ. Il est très inquiet. Un professeur lui a récemment confié sa préoccupation, ce qui ajoute encore à la sienne. Les notes de Medhi ont chuté, il semble toujours ailleurs dit le père, taciturne. Il y a peu Medhi lui a parlé de ce qu’il vit au collège. « Mon fils est harcelé ».
Sa tristesse, l’abandon du sport et de la musique, il comprend mieux à présent. Dans une parole précipitée, il partage ses observations, ses hypothèses, il tente de comprendre. C’est urgent car il connaît la violence des adolescents entre eux. Il veut être rassuré, savoir ce qu’on peut évaluer de sa souffrance, l’avoir à l’œil, qu’elle ne grandisse pas. Et bien qu’il redoute que cela ne s’aggrave, il veut respecter le souhait de Medhi : Ne pas faire appel à l’équipe éducative pour le moment. Il s’interroge sur ce qu’il peut faire, me questionne et me l’assure Medhi souhaite prendre RDV.
J’invite Medhi à me parler de lui. D’une voix essoufflée, comme s’éteignant au fil de ses phrases, il me dit quelques mots. Son regard n’accroche le mien que par à-coups et finit par se baisser pour de bon. Là, comme agrippé à ses mains qu’il enroule sur elles-mêmes, il raconte dans une précipitation familière les moqueries et le rejet qu’il subit depuis plusieurs mois. Des élèves de sa classe, des garçons, toujours les mêmes. Des provocations quotidiennes, dans les moments d’interstices surtout. Au collège, Medhi ne laisse rien paraître, mais dans sa chambre il s’effondre. Il n’est jamais en colère. Quelques amies prennent sa défense mais elles ne sont pas toujours là. Et puis la honte, celle de ne pas pouvoir se défendre seul et d’être le seul à le vivre. Quoi faire ? Se taire, tenter d’ignorer comme on le lui a dit, c’est ce qu’il fait. Partagé entre urgence et silence, le temps de l’entretien est maintenant passé. Nous décidons de nous rencontrer chaque semaine.
Sa fragilité, son père en avait dit quelques mots et je la mesure à présent. Mes premières pensées sont vives, il faut l’aider, prendre sa défense, le protéger. J’imagine ce CPE qui parle à sa classe, sans le nommer, pourquoi pas. Ou encore d’autres barrages construits par des adultes pour lui. Et puis, je cesse de le devancer, au milieu de ma voix Medhi reprend la parole.
Nous parlons beaucoup, de lui mais aussi de ceux qui le provoquent. Comment peuvent-ils interpréter son silence ? Et lui, que voudrait-il leur répondre ? Medhi imagine, suppose, me raconte des combats sans violence. Le dire l’essouffle déjà. Mais très vite, ce n’est plus tellement du collège dont il parle. La maison, la famille. Ce sont des frères et sœurs, de son père et de sa mère dont il peint des portraits rugueux. Et puis de lui en tant qu’aîné, passif, défait, secoué par des frères et sœurs capricieux. De sa place de fils et de grand frère il ne parle plus que de ça.
Puis un jour, au détour d’une question, il partage à ma grande surprise, sa fierté d’une tranquillité retrouvée, gagnée. Il leur a dit, répondu, n’est pas resté silencieux cette fois-ci, ni les fois d’après. Depuis les provocations se sont raréfiées. Nous continuons à nous revoir quelques temps avant de mettre fin à ces deux mois de suivi.
Présentée par Julie et suivie de riches échanges entre une salle réactive et toute l’équipe !
Intervention de Liliane GOLDSZTAUB
Maitresse de conférences en psychologie, UNISTRA
LE « STAND OUTILS ACTIONS COLLECTIVES »
Mind mapping, Templates, Journal des bonnes nouvelles, « Toi, moi et le consentement : l’histoire d’un ménage à trois », Les biais de langage, le « Qu’en dit-on ? », « Info/Intox » sont mis à disposition des partenaires avec les explications des collègues.
LE DOSSIER PARTICIPANT
Confectionné avec soins par Clara et Rime.
Rime que l’on retrouve à la gestion d’une organisation sans faille !
Un dossier bien fourni
Une bibliographie étoffée rédigée par Claire, des citations hautes en couleurs réunies par Patrice, le programme, les fiches retours, les plaquettes…
Les participants sont repartis avec des souvenirs.
Intervention de Cécile COLLINET,
éducatrice spécialisée à la JEEP,
Stéphanie CASANOVA, Océane et Emeline, enseignante et élèves au collège d’ERSTEIN
Un jeu, une vidéo et tout ça en quelques mois !
Intervention de Jocelyn LACHANCE
Maitre de conférences en sociologie, Université de PAU
Nombre de participant-e-s :
81 dont : 23 infirmières/médecins, 28 AS/ES/CESF, 12 psychologues, 18 autres (enseignant-e, chargé-e mission, coordinateur-trice, CPE…)
Retours positifs :
Sur les 40 renseignés :
- 36 ont loué la qualité des interventions
- 29 ont apprécié la pluridisciplinarité et les différences de regard et de points de vue
- 12 ont salué l’accueil, l’organisation et la gestion du temps
- 11 ont remercié cette initiative dans la mesure où ce type de journée aide à penser
- 5 ont apprécié les locaux, les repas etc….
- 12 personnes souhaiteraient que ces journées soient reconduites et nous encouragent à poursuivre
Retours négatifs :
- 14 auraient préféré une salle plus grande (le matin), moins de chauffage et afin d’être plus à l’aise
- 11 personnes qui ont transmis leurs insatisfactions quant à l’acoustique (suggestion d’un micro)
- 9 personnes qui regrettent de n’avoir pas pu participer à l’ensemble de la journée faute de place, elles ont exprimé une certaine frustration et le fait que du coup la journée soit trop courte
Idées d’améliorations :
Quelques autres commentaires ou propositions ont encore été faits mais ils sont isolés :
- Temps d’intervention de Liliane Goldsztaub trop court
- Souhait de plus d’exposés de professeurs
- Souhait d’avoir des définitions
- Souhait d’ateliers et de travail en petits groupes
- Animer les débats après les interventions